quarta-feira, 12 de fevereiro de 2014

Au jardin

Au jardin

Léon DIERX
Le soir fait palpiter plus mollement les plantes
Autour d’un groupe assis de femmes indolentes
Dont les robes, ainsi que d’amples floraisons,
D’une blanche harmonie argentent les gazons.
Une ombre par degrés baigne ces formes vagues :
Et sur les bracelets, les colliers et les bagues
Qui chargent les poignets, les poitrines, les doigts,
Avec le luxe lourd des femmes d’autrefois,
Du haut d’un ciel profond d’azur pâle et sans voiles
L’étoile qui s’allume, allume mille étoiles.
Le jet d’eau dans la vasque au murmure discret
Retombe en brouillard fin sur les bords ; l’on dirait
Qu’arrêtant les rumeurs de la ville au passage
Les arbres agrandis rapprochent leur feuillage.
Pour recueillir l’écho d’une mer qui s’endort
Très loin, au fond d’un golfe où fut jadis un port.
Elles ont alangui leurs regards et leurs poses
Au silence divin qui les unit aux choses.
Et qui fait, sur leur sein qu’il gonfle, par moment
Passer un fraternel et doux frémissement.
Chacune dans son cœur laisse en un rêve tendre
La candeur et la nuit par souffles lents descendre ;
Et toutes respirant ensemble dans l’air bleu
La jeune âme des fleurs dont il leur reste un peu,
Exhalent en retour leurs âmes confondues
Dans des parfums où vit 1’âme des fleurs perdues.
 Léon DIERX (1838-1912)

Sa biographie

Portrait de Léon DIERX
Léon Dierx, né à Saint-Denis de La Réunion le 31 mars 1838 et mort à Paris le 12 juin 1912, est un poète parnassien et peintre académique français.
Léon Dierx naît dans la villa de Saint-Denis aujourd’hui appelée villa Déramond-Barre, que son grand-père a rachetée en 1830. Il y vit jusqu’en 1860, année de son installation en France métropolitaine.
Après une enfance passée sur l’Ile de la Réunion, Léon Dierx gagne la France pour y faire ses études. A Paris, il rencontre Emile Bellier, étudiant créole exilé comme lui. Dierx délaisse peu à peu l’Université, au profit de la lecture et de l’écriture. Il décide de devenir poète.
En 1858, son premier recueil, ‘Aspirations’, est publié. Avec Bellier, Léon Dierx voyage. A partir de 1963, le réunionnais côtoie Leconte de Lisle, chef de file des Parnassiens.
En 1864, il fait partie des poètes parnassiens qui se réunissent autour de Catulle Mendès, avec Sully Prudhomme, Villiers de L’Isle-Adam, José-Maria de Heredia, Albert Glatigny, quand Paul Verlaine, âgé de 20 ans, fait la connaissance de ce groupe.
Mais Dierx ne peut plus vivre à la charge de sa famille, car la situation économique de la Réunion est déplorable. Il doit alors retrouver les bancs de l’école. Reçu à l’Ecole Centrale, il ne finira pas son cursus. Léon Dierx devient alors un modeste employé de bureaux. En 1867, son recueil ‘Les lèvres closes’ est publié, œuvre qui est considérée comme sa plus aboutie. Dès lors, Dierx écrit moins. A partir de 1879, il est employé au Ministère de l’instruction publique, avec l’aide de Guy de Maupassant. En octobre 1898, à la mort de Mallarmé, Dierx est désigné comme nouveau ‘prince des poètes’. Le XXème siècle le célèbre comme un grand poète, et le réunionnais s’éteint heureux de son parcours.
Le peintre Paul Chabas (1869-1937) le représente sur un grand tableau commandé par l’éditeur Alphonse Lemerre aux côtés de Jules Claretie, Paul Arène, Paul Bourget, José-Maria de Heredia, Auguste Dorchain ou Marcel Prévost. Ce tableau, Chez Alphonse Lemerre, à Ville D’Avray a été présenté au salon de 1895 et représente le souhait de l’éditeur des poètes parnassiens de les immortaliser dans le jardin de sa propriété.

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